Une page s’est tournée dans la capitale du Vexin Normand avec la fermeture de Disc’Gisors. Rencontre avec le patron, témoin de l’évolution commerciale de ces 30 dernières années.

La boutique de téléphonie mobile mais aussi de disques et de location de matériel audio située au 13 bis, rue Cappeville n’est plus.
Dirigé par Didier Isaac, un entrepreneur issu d’une famille de commerçants dont il est le représentant de la troisième génération, ce magasin bien connu de tous les Gisorsiens a tiré le rideau.
Aujourd’hui, son gérant, passionné de musique, membre des groupes de jazz Ayla Trio et Swing Time, revient sur les trente années qu’il a passées à la tête d’un établissement qui avait su s’adapter aux goûts de sa clientèle au fil des époques. Interview.
Quel parcours avez-vous suivi pour devenir commerçant ?
Je suis né à Gisors, issu d’une famille de commerçants. Mon grand-père était armurier au 2, rue de Vienne. Mon père lui a succédé dans les années 50 en changeant de cap et en devenant vendeur et réparateur de télé et électroménager. Après avoir suivi des études dans l’imprimerie et effectué mon service militaire dans l’armée de l’Air en 1978, mon père m’a proposé de travailler avec lui dans l’optique de reprendre le commerce. Je suis devenu son salarié pendant dix ans.
Comment s’est opéré le passage de relais entre votre père et vous et quels changements avez-vous opéré au sein de l’entreprise familiale ?
On a développé la vente de disque et la sono. À la fin des années 80, je reprenais l’affaire à mon compte puis en 1998, je me suis lancé dans la téléphonie mobile. À l’époque, personne n’offrait ce service sur Gisors. Ça a été un gros boum. Tout a pris de l’ampleur et très vite, on m’a proposé une affiliation à l’enseigne Téléphone Store (devenu Coriolis Telecom), Nous sommes ainsi devenus multi-opérateurs, les contrats étaient juteux et les clients affluaient, ce qui m’a permis d’intégrer un deuxième salarié ainsi que mon épouse dans l’effectif de l’entreprise. En tant que responsable du rayon téléphone Plus tard, dans les années 2000, nous avons développé la location de matériel HIFI.
Aujourd’hui la boutique est fermée. Qu’est-ce qui vous a mené à cette situation ?
Tout allait bien jusqu’en octobre 2013, où suite à un dégât des eaux lié à l’aspersion des eaux des pompiers qui éteignaient un incendie dans l’immeuble. Le sinistre a engendré la perte de 80 % de notre marchandise et une dégradation importante de la boutique. Nos trois salariés ont été licenciés. Par la suite, nous avons passé dix mois sans pouvoir rebondir car nous ne trouvions pas de local. On a fini par s’installer dans une boutique provisoirement avant de trouver notre emplacement actuel au 13, bis, rue de Cappeville.
Et par la suite, comment avez-vous réussi à maintenir votre activité ?
Ça a été difficile de repartir. Malgré les efforts déployés en matière de communication, certains de nos clients ne nous ont pas suivis pensant que nous avions définitivement arrêté. Cependant, nous avons pu reprendre une activité. Je gardais quand même en tête de regagner mon local de la rue de Vienne. Malgré les démarches entreprises, les négociations n’ont pas pu aboutir avec le propriétaire des murs. Par la suite, c’est devenu très compliqué de travailler, notre chiffre d’affaires à commencer à décliner. Cerise sur le gâteau, Orange s’est séparé de ces boutiques, et d’une grande partie de son réseau d’indépendants dont nous faisions partie.
« Internet a tout changé »
Internet s’est développé au cours des deux dernières décennies. Comment avez-vous abordé le virage du numérique ?
Il ne faut pas oublier qu’Internet a tout changé via le téléchargement a causé la chute de la vente des CD et DVD. La monter des ventes sur la toile a fait que ce type de support a été en déclin. Cependant, le vinyle se portait bien, et notre activité location également. Toutefois, le commerce en ligne nous a permis de développer notre activité de relais colis. Il faut rester positif car en tant que commerçant de proximité nous avons un rôle important à jouer dans l’accueil, le service et l’accompagnement des clients, chose qui n’existe pas sur Internet.
Avec le recul, gardez-vous de bons souvenirs de toutes ces années passées à la tête de cette entreprise ?
Nous avions réussi à fidéliser notre clientèle. Sans prétention, nous sommes un peu une institution ici. C’est quarante ans de ma vie que j’ai passée ici, et à 60 ans je ne regrette rien. Je tiens à remercier tous les clients de nous avoir fait confiance.